La Communauté Electrique du Bénin (CEB), un organisme public international créé pour produire, transporter et vendre de l’énergie électrique à moindre coût aux populations du Bénin et du Togo, connaît depuis plus de six ans des perturbations internes qui agissent considérablement sur son rendement. Les perturbations sont essentiellement dues à un manque de rigueur dans la gestion des ressources de l’entreprise et à la discrimination constatée dans la gestion du personnel de cet organisme. Au même moment où les cadres de l’entreprise vivent aisément et bénéficient des primes spéciales à hauteur de 5 millions de F CFA, certains employés, les plus sollicités et exposés, continuent de tirer le diable par la queue avec leurs statuts d’agents temporaires, occasionnels et contractuels. C’est cette gestion hasardeuse qui a conduit au délestage suicidaire que vivent aujourd’hui les peuples togolais et béninois. Inquiets de l’avenir de cette entreprise, les délégués du personnel ont écrit le 02 juillet dernier une lettre au Directeur de la CEB pour lui faire part des préoccupations des employés et l’amener à prendre conscience de la situation difficile que traverse la société.
« En ce moment où les travailleurs manquent de tenues de travail, des matériels de sécurité et d’hygiène et ce, depuis plus de six ans ;
En ce moment où des travailleurs continuent de boire de l’eau souillée dans certaines unités de la CEB, d’emprunter des pistes comateuses, de vivre avec leurs familles dans des logements à matériaux cancérigènes, d’être soumis à des bruits assourdissants, sans remèdes et des menaces de reptiles dangereux ;
En ce moment où des travailleurs sont au service de la CEB nuit et jour depuis plus d’une décennie voire deux et continuent de garder le statut d’agent temporaire, occasionnel, contractuel ;
En ce moment où les salaires, primes, indemnités et autres accessoires de certaines catégories de travailleurs de la CEB ne répondent plus au coût de la vie actuelle ;
En ce moment où de sérieuses difficultés techniques, technologiques, par manque criard de pièces de rechanges dans nos unités de production se posent aux travailleurs ;
En ce moment où les salaires des travailleurs sont souvent payés sous découvert bancaire ;
En ce moment où beaucoup de travailleurs sont encore victimes de violation des statuts du personnel et des textes qui régissent le monde du travail,
Monsieur le Directeur Général, c’est en ce moment là que les travailleurs de la CEB apprennent avec beaucoup de regret et d’indignation que vous rééditez le pillage de leurs maigres ressources en accordant des primes dites spéciales jusqu’à hauteur de plus de cinq millions à certaines catégories de travailleurs de la CEB au détriment d’autres en réalité les plus sollicités et les plus exposés.
Monsieur le Directeur Général, les travailleurs vous prient de bien vouloir les renseigner sur l’octroi de cette prime en publiant les noms des bénéficiaires, le montant de chacun d’eux et ce qu’ils ont fait de spécial à l’entreprise pour mériter un tel montant », précise la lettre.
Dans la même lettre adressée à M. Djibril Salifou, Directeur Général de la CEB, le personnel a souhaité que « cette prime soit accordée à tous les travailleurs et à des proportions raisonnables en attendant que certaines dispositions des statuts soient passées à la loupe ». Pour en savoir plus sur cette affaire, notre rédaction a contacté M. Kokoroko, Directeur adjoint de la CEB. Pour lui, il ne s’agit pas d’un pillage des ressources de la CEB. Il est plutôt question de l’application stricte des statuts qui régissent le personnel de la CEB. Pour lui, les textes précisent que ce sont les cadres, les agents d’exécution et les agents de maîtrise méritant de chaque catégorie qui doivent percevoir les primes. Or, au temps de l’ancien Directeur Général, les primes sont accordées à tout le personnel. Maintenant que le nouveau DG est venu pour sortir la société de ses problèmes financiers, il ne voulait plus étendre les primes à tout le personnel. Il ne se réfère qu’aux statuts. Selon M. Kokoroko, c’est ce qui serait à la base du mécontentement des délégués du personnel qui ont écrit la lettre.
De tout ce qui précède, il est souhaitable que le Directeur Général de la CEB fasse l’effort de régulariser la situation des travailleurs qui font plus de dix ans dans l’entreprise mais qui gardent le statut d’agent occasionnel, temporaire, contractuel, conformément aux textes qui régissent le monde du travail.
Rappelons que la CEB est créée en 1969 par le Togo et le Bénin et elle a pour mission de céder l’électricité à la CEET et à la Société Béninoise de l’Electricité et de l’Eau (SBEE).