Le recensement électoral qui a démarré depuis le 16 juillet dans la zone A se poursuit et ne cesse de faire couler d’encre et de salive. Votre journal, assoiffé d’un processus électoral démocratique et apaisé, s’est fait le devoir de relever les irrégularités qui jalonnent cette opération. Nous croyions être dans le faux puisqu’à la CENI on raconte que le recensement est à sa « vitesse de croisière » depuis mercredi. De tels propos ont certes eu l’effet de séduire des esprits non avisés. Mais quand un parti politique, qui plus est engagé dans le processus, l’Union des Forces de Changement en vient à dresser un bilan macabre de cette opération à mi-parcours, il y a de quoi nourrir des craintes sur l’issue du processus.
Les observations de cette formation politique s’avèrent crédibles, d’autant plus qu’elles tiennent « des rapports émanant de ses membres au sein des Comités Listes et Cartes (CLC) sur toute l’étendue du territoire », d’après le point de presse tenu lundi à son siège.
« Les premières journées ont été perdues, le matériel n’ayant pas été positionné dans la plupart des centres de recensement.
Des kits sont livrés incomplets (cantines vides, défaut de batterie, défaut de groupe électrogène…, ou défectueux (imprimante, Webcam, scanner).
Les erreurs sont commises dans le déploiement des kits. Ainsi, certains kits se retrouvent dans des centres de recensement pour lesquels ils ne sont programmés (par exemple EPP gendarmerie pour EPP Kodjoviakopé), entraînant l’annulation des cartes émises et la reprise des opérations d’enregistrement.
Les centres de recensement manquent cruellement de carburant pour faire tourner les groupes électrogènes.
Les fiches d’identification, les cartes d’électeurs et autres consommables ne sont pas rationnellement répartis, entraînant des pénuries qui bloquent les opérations. Les CRV du canton de Baguida (Adanmavo, Dévégo, Akodésséwa etc.) sont régulièrement bloqués, faute de fiche d’identification.
Des erreurs de dates d’émission de cartes d’électeurs sont observées.
Des messages équivoques qui sont diffusés sur les médias à propos de la durée du recensement.
Les personnels utilisés par la CENI (techniciens et opérateurs de saisie) ont été déployés sur le terrain à leurs propres frais et se retrouvent dans une précarité préjudiciable à leur efficacité. De plus, les techniciens ne sont pas dotés de moyens de déplacement leur permettant d’intervenir rapidement lorsqu’ils sont sollicités pour réparer les pannes », a noté le parti de Gilchrist Olympio, avant d’étaler au grand jour les agissements des préfets et du pouvoir.
« Des préfets s’ingèrent dans les opérations de recensement.
Dans plusieurs préfectures, les préfets s’immiscent dans le processus de recensement. Selon les informations portées à notre connaissance, les préfets de Doufelgou, de Dankpen et du Moyen-Mono, MM. Kadjama Di Rem, Dadja Manganawé et Djato Nadjado Dana s’introduisent dans les centres de recensement, pour imposer l’enregistrement des étrangers et des mineurs, menaçant et intimidant les membres des CLC qui s’opposent à leurs manœuvres.
Dans certaines préfectures, notamment le Wawa et l’Oti, le pouvoir RPT organise l’inscription des étrangers par convois entiers venus des pays voisins. Des listes préétablies sont fournies aux présidents des CLC pour imposer l’inscription de ceux qui y figurent », a ajouté l’UFC.
Le tableau est donc sombre sur toute la ligne. Ces « irrégularités, défaillances et anomalies » font que « le recensement se déroule dans une confusion et un désordre entretenus à dessein pour… », estime l’UFC, « favoriser l’établissement d’une liste électorale frauduleuse ». Ce parti affirme tenir « le chef de l’Etat et le Premier Ministre responsables de l’échec du processus électoral », un échec qui se sent d’ailleurs.
Au-delà des critiques, le parti de Gilchrist Olympio appelle les uns et les autres à leurs responsabilités. Il invite la CENI et le gouvernement à « prendre d’urgence les mesures appropriées pour mettre fin aux fraudes », appelle à « plus de vigilance les signataires de l’APG qui manifestent un optimisme béat à l’égard du processus tel qu’il se déroule », « réitère son exigence de proroger la durée du recensement d’autant de journées perdues », appelle à la vigilance des populations.
TINO Kossi - LIBERTE HEBDO