Selon les envoyés confrères du site Internet de l'Agence de Presse Africaine à Yaoundé, les ministres des Finances des pays de la Zone franc seront en conclave mardi, 7 octobre, dans la capitale camerounaise, Yaoundé, de source officielle.
Cette réunion, qui sera précédée la veille par une rencontre des experts de la région, se penchera sur la crise alimentaire mondiale et l’appui à apporter aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux petites et moyennes industries (PMI).
Elle se penchera également sur la mobilisation de l’épargne des migrants aux fins de développement de leurs pays respectifs, l’analyse des chocs inflationnistes sur le commerce mondial, mais aussi sur le suivi du mécanisme de convergences avec la France.
La Zone franc regroupe une quinzaine de pays que sont : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad et Togo.
Etranger toujours : Le Bénin
Remaniement ministériel:Grandes manœuvres à la Présidence de la République
Le chef de l’Etat Yayi Boni était à deux doigts de publier la liste de son nouveau gouvernement, le mardi 30 septembre dernier, mais à la dernière minute, il se serait ravisé, estiment certains cadres de son entourage et des députés à l’Assemblée nationale. Par contre, d’autres sources du Palais persiflent que c’est de l’intox et que le Président de la République n’a fait que commencer les concertations ce jour-là.
On s’avance inexorablement vers la formation du nouveau gouvernement. C’est ce qu’il y a lieu de clarifier vu que les informations contradictoires proviennent de l’entourage du chef de l’Etat Yayi Boni. Des rumeurs, de l’intoxication, mais aussi des informations dont la véracité n’est pas à remettre en cause. Le Président de la République était-il vraiment prêt le mardi dernier ? Une partie de la réponse à cette interrogation réside dans les dernières activités du chef de l’Etat au Palais de la Présidence. L’une après l’autre, Yayi Boni a reçu plusieurs personnalités tant politiques que de différents groupes de pression, notamment la Société civile. Valentin Aditi Houdé, député à l’Assemblée nationale, ancien ministre de Kérékou, Bernard Lani Davo, ancien parlementaire, démissionnaire du parti social démocrate (Psd) de Bruno Amoussou, Amos Elègbè, ancien ministre, Léandre Kouessan Djagoué, candidat malheureux aux élections présidentielles, et bien d’autres personnalités actives sur le plan de l’animation de la vie politique, ont successivement été reçus par le chef de l’Etat. Il s’est également entretenu avec les figures de proue de la Société civile, au nombre desquelles, Joseph Djogbénou, Maximien Sossou-Gloh. S’ils n’ont rien déclaré à leur sortie d’audience, l’hypothèse selon laquelle ils sont aussi consultés par le chef de l’Etat dans le cadre de la formation du nouveau gouvernement est très vite établie. On pouvait aussi penser dans le même sens qu’ils sont allés manifester au chef de l’Etat, leur mécontentement au sujet des dossiers de malversation que la Société civile a révélés et qui n’ont pas connu de suite. De l’une de ces deux hypothèses, la première parait la plus plausible parce que le moment où ces personnalités de la Société civile ont été reçues par le chef de l’Etat, coïncide avec celle de la large consultation ouverte avec les leaders politiques. Que dire alors de la conférence épiscopale, qui était également ces trois derniers jours au cabinet du chef de l’Etat ? Certainement pour le même but. C’est une visite qui a tout son sens et doit être prise en compte pour comprendre que le clergé tient à ce que la paix et l’union règnent dans le pays. Et, si le président de la République doit tenir compte de ces observations, elles ne seront pas négligeables pour former l’unité autour de lui. Le chef de l’Etat n’a certainement pas fini d’écouter et de rencontrer les personnalités de ce pays. Mais en attendant de connaître le reste du gratin de cadres qui seront consultés, les grandes manœuvres pour mettre en place une nouvelle équipe sont perceptibles. Ce n’est pas pour rien si le même jour où le chef de l’Etat a rencontré les personnalités du matin jusqu’au soir sans qu’on associe la presse, l’on a observé une longue attente à l’Assemblée nationale, où les bruits ont couru que le bureau a été convoqué pour donner son avis sur la liste que le chef de l’Etat s’apprête à envoyer. Parfois, lorsqu’un cortège officiel s’annonce à Porto-Novo, les esprits avertis n’hésitent pas à le confondre à la délégation qui doit quitter le Palais de la République avec les noms des ministres pour le Parlement. Finalement, ils se sont rendu compte que ce sont de fausses alertes auxquelles l’on a eu droit toute la journée du mardi 1er octobre dernier. La même nouvelle qui est parvenue aux députés a fini par se révéler fausse à la tombée de la nuit. Malgré le coucher du soleil, l’anxiété était visible sur certains visages. Il ne peut pas y avoir autant de remue-ménage tant à l’Assemblée nationale qu’à la Présidence de la République s’il n’y avait aucun effet d’annonce parti du Palais de la Marina. Les indices qui étaient réunis le mardi dernier ont plus retenu les attentions depuis qu’on évoquait le remaniement ministériel dont la date et le nouveau visage restent encore un mystère.
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LE MATINAL/ Fidele Nanga
Jeudi noir au Bénin. Le pays est en deuil. Il vient de perdre l’un de ses grands fils. Salomon Biokou, précédemment Grand Chancelier de l’Ordre National du Bénin, n’est plus.
Cette fois-ci, ce n’est pas une rumeur, mais c’est une triste réalité. Le grand homme qui a marqué d’une façon indélébile l’histoire politique des 50 dernières années au Bénin s’est éteint hier, dans la matinée à l’âge de 108 ans, dans sa résidence privée, située à Adjradokonou, à Porto-Novo.
C’est ce jeudi matin que le vieux Salomon Biokou a choisi pour tirer sa référence. C’est une grande bibliothèque qui vient ainsi de brûler et une grosse perte pour tout le Bénin. Président du comité des sages de Porto-Novo, premier-adjoint du premier maire de la ville, ancien inspecteur de l’enseignement primaire, ancien premier vice-président de l’Assemblée Nationale révolutionnaire, Grand Croix de l’Ordre National du Bénin et Chevalier de la Légion d’Honneur (France), surnommé "Agla" (homme audacieux, en fon) par son père, cet ancien instituteur, réellement né en 1900 à Goukomé, est le témoin vivant de la vie politique et sociale béninoise depuis le début du siècle. Sa mort a donc affecté tous les Béninois.
Tous le savaient malade, mais pas au point de mourir si vite, même s’il a déjà plus de 100 ans. Le "vieux" Salomon Biokou était alité depuis plusieurs semaines. Il était dans un état très critique, mais avait retrouvé un peu sa santé ces derniers jours. La veille de son décès, il avait même bien discuté avec sa famille. « On ne savait pas que c’était les derniers mots de papa », témoigne l’un de ses enfants. On se souvient comme si c’était hier des multiples déplacements du Chef de l’Etat à Porto-Novo pour s’enquérir de son état de santé. Mais le destin en a décidé autrement.
Salomon Biokou est décédé, laissant derrière lui plusieurs femmes et une cinquante d’enfants. Aussitôt informées de cette mauvaise nouvelle, plusieurs personnalités se sont précipitées à son domicile pour présenter leurs condoléances à la famille éplorée. Pour le maire Osséni Moukaram, la disparition de ce grand homme du Bénin est une grosse perte pour Porto-Novo. « C’est un grand baobab qui vient de tomber », confie le Directeur général de la gendarmerie nationale, le Général de brigade Louis Kokou Sèmégan. Pour Placide Azandé, premier adjoint au maire d’Abomey-Calavi, « l’homme est irremplaçable ».
Qui est Salomon Biokou ?
Salomon Biokou perd sa mère à 4 ans. C’est son oncle, employé de commerce, qui veille à son instruction. Il disparaîtra durant la première année du jeune Salomon à l’Ecole Normale William Ponty, située sur l’Ile de Gorée (Sénégal), qu’il intègre en candidat libre, un an après l’obtention de son certificat d’études à l’école Victor Balo, connue aujourd’hui sous le nom de lycée Béhanzin.
A la fin de son cursus scolaire dans cet établissement, il est jugé inapte, pour raisons de santé, à suivre dans la foulée les cours à William Ponty. L’un des établissements qui forme l’élite intellectuelle africaine pendant la période coloniale. « Je me rappelle que quand je suis rentré à la maison, en colère, j’ai jeté tous mes cahiers et livres par la fenêtre. » Salomon prend pourtant son mal en patience et rentre au Trésor où il y sera comptable pendant un an.
« A l’école William Ponty, j’avais le choix entre la médecine et l’enseignement. J’ai choisi l’enseignement et en 1933, je sortais avec mon certificat d’instituteur. » En 1935, il convole en justes noces avec Louise, une métisse franco-béninoise. « Nous nous sommes rencontrés en 1932, pendant les vacances, alors que j’arrivais de Dakar. Elle faisait de la couture et elle était très pieuse.
Je l’ai d’ailleurs rencontrée à la bénédiction du soir (messe qui se déroule en fin d’après-midi, ndlr). » Il se convertit au catholicisme et cinq enfants naissent de sa seule et unique union même si Salomon Biokou est à l’origine d’une fratrie de 54 enfants.
Un remarquable instituteur
Sa trépidante vie de père n’empêche pourtant pas sa carrière professionnelle de s’épanouir. « J’aimais enseigner et mes compétences étaient reconnues dans toute la sous-région. Les gens m’envoyaient leurs enfants du Togo, du Nigeria... Et même les Français me confiaient leur progéniture, des enfants qui faisaient près d’une cinquantaine de fautes dans leurs dictées.
Je les ramenais à une faute. » Le centenaire se souvient d’ailleurs d’une anecdote : « En 1936, j’ai présenté 14 élèves et les 14 ont été admis à leur certificat. Cotonou en avait 3 sur 5 et Ouidah 2 sur 5. On m’a alors accusé de tricherie. Les examens ont été repris pour aboutir aux mêmes résultats ». Citoyen français, il est enrôlé pour participer à la deuxième Guerre Mondiale mais il ne la fera pas. « J’ai été enrôlé le jour où l’on a déclaré la fin de la guerre. » Puis vint la rencontre avec le Président Apithy Sourou Migan. « Je le connaissais un peu.
Il revenait de France et il est venu me voir ici. Il m’a entraîné dans une grande tournée à travers le pays. Je l’ai ainsi aidé à se faire connaître au Bénin. La colonisation reculant, on a commencé à tâter le terrain. » Le Bénin voulait une indépendance totale.
Elle est obtenue le 1er août 1960. Auparavant, Apithy est élu député du Danhomey (nom du Bénin avant 1975) en France. Il devient également maire de Porto-Novo. Salomon Biokou est son premier-adjoint et gère, à ce titre, la ville en son absence. Retraité à 64 ans, il s’engage complètement dans la vie politique. Apithy Sourou Migan devient, quant à lui, Président mais pour très peu de temps (1964 à 1965). Il meurt en 1989.
Une jeunesse mieux éduquée et plus instruite
Salomon Biokou était président du comité des sages de Porto-Novo. Une ville où animistes, musulmans, chrétiens, Gouns (groupe ethnique auquel appartient le centenaire) et Yorubas vivent en bonne entente. Cette cœxistence pacifique aurait basculé dans l’affrontement sans l’intervention de ce comité dont l’influence est aujourd’hui indiscutable dans la vie sociale porto-novienne.
Que pense notre centenaire de l’évolution de la société béninoise ? « Le Bénin a beaucoup évolué mais les jeunes sont de moins en moins instruits, les parents lâchent leurs enfants. Ils ne s’en occupent pas. A 12, 15 ans, les filles connaissent déjà l’homme et ont des bébés. Je souhaite que les Béninois s’occupent de leurs familles. Et que les Zémidjans (taxis-motos, ndlr) retournent aux champs.
L’agriculture est le moteur du développement. » Salomon Biokou souhaite l’entente fraternelle de tous les Béninois à l’instar de celle que connaît sa très grande famille. Ce pourquoi il a d’ailleurs félicité le Président Mathieu Kérékou.
« Si ça va aujourd’hui, c’est à lui que nous le devons. Mais tout le monde veut être Président. L’envie et la concurrence ne peuvent occasionner que des problèmes. Il faut que nous puissions cesser ça, de même que la corruption. Il est important que les partis politiques cessent de s’entretuer. L’union et la paix doivent être déclarés au Bénin. » L’alternance politique est également importante selon lui. « Un Président ne peut pas rester indéfiniment au pouvoir, cela crée des divisions et lui-même fera des bêtises. Il doit aller se reposer. » Quels sont justement les secrets de sa longévité à lui ?
« Je mange ce que je veux et ma cuisine est bien surveillée. Mes enfants s’occupent bien de moi, ils me rendent hommage. Je suis à l’aise. Quand il me faut le moindre médicament, je l’ai dans les plus brefs délais. » Le centenaire est tombé gravement malade il y a une dizaine d’années. En a t-il parfois assez de vivre ?
« Non, jamais ! La vie est devant moi. » Et puis ce message très émouvant, « il ne faut pas nous oublier. Les contacts avec vous (les enfants, la jeune génération, ndlr) prolonge notre vie. » Une parole de sage... d’Afrique sur laquelle certains devraient méditer.
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L'OPTION INFO/Leonce Houngbadji